1810 [11/10/1810 < x < 08/11/1810], Brief (tussen 11/10/1810 en 08/11/1810) van de kamer van koophandel van Brugge aan de minister van Binnenlandse Zaken, ten voordele van het kanaal Brugge –Schelde in vergelijking met het kanaal Gent – Breskens (Archives Nationales Pierrefitte Saint-Denis,Fonds Bertrand, 1808-1810, 390 AP / 10)
A Son Excellence le Ministre de l’Interieur, Comte de l’Empire
Monseigneur,
Les loix des 16 xbre 1807 et 27 xbre 1809, avoient ordonné le rétablissement du canal de Bruges à l’Ecluse et son prolongement par le pays de Cadsandt, jusqu’à l’embouchure de l’Escaut.
Pour subvenir aux dépenses de ces travaux il fut levé sur le département de la Lys 2 centimes additionnels sur toutes les contributions directes.
Ces dispositions avantageuses pour le commerce de Bruges, firent renaître parmi tous les habitans de cette ville, jadis si florissante, l’espoir de voir se rétablir son ancienne prospérité et de pouvoir rivaliser d’industrie avec les villes les plus commerçantes de l’Empire ils bénissoient le génie bienfaisant qui avoit conçu et arrêté un tel projet.
En effet plusieurs avantages marquants devoient résulter pour la ville de Bruges, de l’exécution des lois des 16 xbre 1807 et 27xbre 1809.
D’abord le canal recreusé devait lui rendre le commerce intérieur qu’elle faisoit jadis avec les communes qu’il traverse et qu’elle avoit perdu par la difficulté des communications, les chemins du pays étant par la nature du terrein, la plupart du temps impraticables.
Ce canal depuis son départ du bassin du port de Bruges, jusqu’à son embouchure dans l’Escaut, se dirigeroit a peu près en ligne droite et le terrein uni qu’il traverse n’exigeroit point d’ecluses entre ces deux points: partant il présenteroit la voie la plus courte et la plus facile, non seulement pour la navigation de la ville de Bruges, mais aussi pour celles d’Ostende, de Dunkerque, de Calais, de St. Omer, de Lille, de Douai &ca. qui toutes communiquent au bassin du port de Bruges par une suite de canaux non interrompue.
Cet avantage serait également commun à la ville de Paris et aux autres villes de l’intérieur, lesquelles par le canal de St. Quentin, le haut Escaut, la Scarpe, la Deulle, la haute Lys, le canal de St. Omer, celui de Dunkerque &ca. trouveroient dans leur navigation vers l’embouchure de l’Escaut, et vers la Hollande la voye la plus sûre et en même temps la plus commode en ce qu’elle n’est pas aussi sujette aux grosses eaux et aux inondation qui interceptent fréquemment la navigation de l’Escaut, depuis Gand jusqu’à Condé.
Enfin la ville de Bruges esperait que le vaste bassin de son port, qui présente toutes les commodités possibles pour la marine marchande, deviendroit l’entrepôt d’une grande partie de marchandises qui entreroit par le nouveau port du pays de Cadsandt, dont le bassin paroit être particulièrement destiné à la marine impériale.
Toutes ces brillantes espérances a peine conçues disparoissent par le décret du 13 Mai dernier, portant que le canal qui doit communiquer de Bruges à l’Escaut, sera placé de manière a servir à la ville de Gand et communiquera d’un côté avec le canal de Bruges à Gand, et de l’autre avec le bassin qui sera construit dans l’Isle de Cadsandt, et que pour subvenir aux frais des travaux de ce nouveau plan la ville de Bruges en particulier contribuera d’une somme de six cents mille francs, indépendament des deux centimes additionnels imposés sur le département de la Lys, par les deux lois précitées, en sorte que la ville de Bruges en pardant tous les avantages que le premier plan lui avait fait concevoir, se voit encore surchargé d’une imposition qui lui rend plus amer le sentiment de cette perte.
Dans cette position douloureuse, le commerce de Bruges à résolu de prendre son recours vers Votre Excellence, afin de lui exposer ses justes réclamations, fondées sur les motifs les plus puissants, qu’il la pris de mettre sous les yeux de sa Majesté.
Indépendamment des motifs de réclamations ci-dessus rappellés dans l’intérêt de la ville de Bruges, il est a remarquer
- Que déjà, en exécution des lois précitées, il a été fait au recreusement du canal de Bruges à l’Ecluse une dépense d’environ quarante mille francs.
- Que les anciens canaux qui existent de Bruges à l’Ecluse et de là à l’embouchure de l’Escaut, appartiennent à la ville de Bruges et à l’Etat, qu’en conséquence, il n’y a presque point de dépenses à faire pour acquisition de terrein.
- Que les anciens canaux (qui entrent pour une très grande partie dans le premier projet) n’ayant besoin que d’être dévasés et recreusés, présentent encore une très grande économie dans l’exécution de ce projet, dont la dépense totale y compris les ouvrages d’art, ne s’élève qu’à la somme de f[ran]cs 2,801,838, 69 c[entim]es (deux millions huit cents un mille, huit cents trente huit francs 69 cent[im]es) conformément à l’estimation faite par l’ingénieur en chef le 19 Juillet 1808.
- Que la direction du canal, d’après le nouveau projet, de quelque point qu’on le fasse partir, du canal de Gand à Bruges, offrira de nombreux obstacles, par la nature et la disposition du terrein qui est très sabloneux, parsemé de monticuler, et en beaucoup d’endroits sur un fond de roche, ce qui en augmenteroit considérablement la dépense et on ne croit pas l’exagérer en la portant y compris l’acquisition du terrein a une somme de cinq millions.
- Qu’en abandonnant le premier projet commencé, on perdra l’utile occasion de dessecher les terreins marécageux que forment les anciens canaux de Bruges à l’Ecluse et de là a l’Escaut, qu’ainsi dans le premier plan on mettra en valeur un terrein inutile, et dans le second on enlevera a l’agriculture des terres précieuses.
- Qu’en suivant le premier plan la grande route de Paris au nouveau bassin projettés se trouveroit abrégée de deux lieues au moins.
- Que dans l’intérêt de l’Etat, sous le rapport de la navigation et de la défense militaire, le canal direct de Bruges à l’embouchure de l’Escaut ne serait pas moins préférable soit qu’il plut au gouvernement de faire passer dans l’Escaut, par les communications intérieures déjà existantes, ses flotilles de Dunkerque de Calais ou d’Ostende, soit qu’il aut a repousser une invasion de l’ennemie, alors il se trouverait arrêté dès ses premiers pas par le dit canal qui lieroit ensemble la ville de Bruges, le fort de l’Ecluse et ceux situés à l’embouchure de l’Escaut, les garnisons de ces places pourroient se prêter facilement des secours, l’arrêter pendant plusieurs jours et donner le temps de prendre et de completer les moyens de le repousser: les bords de ce canal seroient donc comme une première ligne de défense.
Tous ces avantages seroient absolument perdus en suivant le dernier plan et ce mignements (a ce qu’il paroît) pour eviter à la ville de Gand deux lieues de navigation et l’affranchir comme elle semble le desirer, du passage par la ville de Bruges. Cependant l’avantage (si c’en est un) pour la ville de Gand seule, peut-il l’emporter sur celui devant d’autres villes, telles que Bruges, Ostende, Dunkerkque, Calais, St. Omer, &ca mais dans la supposition que des considérations majeures dont on n’entrevoit pas l’existance, détermineroient sa Majesté a maintenir le plan porté par son Décret du 13 mai; ne seroit-il pas possible de concilier des intérêts si opposés et la ville de Bruges et toutes celles qu’on vient de citer ne pourroient elles conserver la faveur que leur avoient donné les lois précitées, d’un canal direct à l’embouchure de l’Escaut, en même temps que la ville de Gand acquerroit le bénéfice de cette même communication sans être obligée de diriger sa navigation par Bruges.
Deux moyens se présentent a cet effet, le premier seroit de diriger cette navigation par un embranchement qui serait tracé dans les fossés des remparts de la ville de Bruges en partant du canal de Gand. Il en résulteroit pour cette dernière ville l’avantage d’une grande communication non interrompue d’une part avec l’Escaut par le canal qui partiroit de Bruges vers son embouchure et de l’autre avec Ostende par le canal de Bruges a cette dernière ville. L’autre moyen seroit de réunir le canal de Gand à Bruges, à celui projetté, par un embranchement qui partirait du point dit des Gevaerts sur le premier de ces canaux et aboutiroit à Damme sur le dernier.
L’exécution de cet embranchement serait d’autant plus facile et d’autant moins couteuse que d’abord la distance des points de communications indiqués de l’un à l’autre canal est peu considérable et qu’ensuite le terrein des Gevaerts à Damme se prêteroit sans peine aux travaux nécessaires en les dirigeant par la bruière dite Beverhouts-veld et par le ruisseau de Maele.
Par l’un de ces moyens, quelque soit celui qu’il plaira à sa Majesté d’adopter la ville de Bruges et celle de Gand pourront jouir toutes deux, la première de la communication directe avec l’Escaut et la deuxième du bénéfice de cette même communication et de celui d’une navigation indépendante soit avec Ostende soit avec les autres ports voisins. La ville de Bruges ose espérer que sur le rapport et d’après les observations de Votre Excellence,
Sa Majesté daignera accueiller ces justes réclamations dictées par l’intérêt public autant que par les avantages particuliers d’une ville qui ne s’attendoit pas a devoir contribuer pour six cents mille francs à un changement de condition qui ne lui est que défavorable et qui devient même pour elle une perte réelle des faveurs que sembloient lui assurer les contributions extraordinaires de deux centimes levés sur le départemens de la Lys pour le canal lorsqu’il devoit aboutir à Bruges.
Ses nombreux habitans fièrs encore de la haute distinction que Sa Majesté a daigné leur accorder de même qu’aux villes de Lille et d’Arras pour le courage et de dévouement qu’il ont deployés lors de l’invasion des Anglais dans l’Isle de Walcheren, attendent avec calme et confiance une décision qui comblera leurs voeux et réalisera les espérances que les lois précitées leur ont fait concevoir pour la prospérité et le bonheur de leur pays.
Nous avons l’honneur d’être, Monseigneur, avec le plus profond respect,
de Votre Excellence,
Les très humbles et très obéissants serviteurs
Observations sur le canal de Bruges a l’embouchure de l’Escaut dans la supposition que le projet seroit de le faire partir du canal de Gand a Bruges pres le village de St. Jooris et de le diriger ensuitte par la ville de l’Ecluse.
Les soussignés membres de la chambre de commerce de Bruges pensent, d’apres les connoissances locales qu’ils ont du pays.
- que les environs du village de St. Jooris presenteroient des grandes difficultés pou le creusement du canal dont s’agit, d’abord par la grande elevation du terrein et ensuitte par la nature de ses diverses couches qui consistent en grande partie en sable mouvant et fonds de roche.
- que ces mêmes difficultés se presentent toujours a peu pres egalement, en descendant le canal de Gand a Bruges, jusqu’a pres du hameau dit Gevaerts, qui est situé a une lieue en deça de St. Jooris et où le terrein commence a baisser et a changer de nature, ce qui peut se verifier par le nivellement ainsi que par l’examen des differentes couches que presente le talut du canal.
- qu’un abandonnant le 1er projet du recreusement du canal de Bruges par Damme, auquel il a dejà été fait une depense d’environ quarante mille francs: et en faisant partir le canal qui le remplaceroit, du point de St. Jooris sur la ville de l’Ecluse, la navigation depuis Bruges, Ostende, Dunkerque, Calais &ca jusqu’a l’embouchure de l’Escaut, seroit prolongée de quatre lieues et demie, tandis que celle de Gand jusqu’au même point, ne le seroit que d’une lieue et demie en adoptant le projet de faire un embranchement du point dit Gevaert jusqu’à Damme ce qui conte par les calculs suivantes.
- qu’independement des quatres lieues et demie que les batiments marchands et la marine imperiale de Calais, de Dunkerque d’Ostende &ca auroit de plus a parcourir, en suivant le projet de faire partir le nouveau canal de St. Jooris, ils auroient encore l’inconvenient de devoir remonter et descendre plusieurs ecluses et passer un grand nombre de ponts, ce qu’on éviteroit en adoptant le projet d’embranchement des gevaerts a Damme.
- que ce dernier projet present une grande économie en ce que les deux lieues de canal de Damme a l’Ecluse ne sont qu’a recreuser et que le fond en appartient a la ville de Bruges, de façon qu’en admettant ce projet il n’y auroit qu’a peu près deux lieues de nouveau canal a faire, tandis qu’en suivant le projet du depart de St. Jooris directement sur l’Ecluse, il y auroit a creuser et a acquerir le terrein de quatre lieues d’etendue.
- Finalement que le prem[ie]r projet déja en execution presente l’avantage de plusieurs fortifications qui se trouvent sur l’ancien canal de Bruges a l’Ecluse, tels que les forts Baviere, Damme, St. Donat et l’Ecluse et dont le gouvernement pourroit tirer profit en envisageant ce canal comme ligne militaire.
En consequence, le moyen de concilier tous les interêts d’obvier aux grandes depenses et d’accelerer l’execution du canal vers l’embouchure de l’Escaut, seroit de continuer le recreusement deja commencé du canal de Bruges à l’Ecluse &ca et de faire pour la ville de Gand un embranchement depuis le hameau dit Gevaerts, jusqu’a Damme.
-
Lieus
Du port de Bruges au canal de Gand
0 ½
Du canal de Gand a St Jooris
3
De St Jooris a l’Ecluse
4
7 ½
De Bruges a l’Ecluse
3
4 ½
De Gand aux Gevaerts
6 ½
De Gevaerts a Damme
2
De Damme a l’Ecluse
2
10 ½
De Gand a St. Jooris
5
de St. Jooris a l’Ecluse
4
9
Lieues
1 ½